À la une : ''Renaître dans la marginalité: la résilience' de E. Calabrese, finalement traduit en français

Ici un extrait de la nouvelle traduction de ce livre-recherche, d'un essai éclaircissant sur la notion désormais très connue de résilience. "La vie met parfois sur notre chemin des personnes qui, de par les épreuves difficiles et douloureuses qu’elles ont traversées, ont réussi à identifier une ressource, grâce à laquelle elles ont pu engager un processus de transformation intérieure leur permettant de révéler l’aspect positif et constructif de leur expérience personnelle, qu’elles ont par la suite partagée avec les autres. Ces personnes sont dites résilientes. Le travail d’analyse développé ici porte justement sur la résilience, un aspect très important de notre existence dont on entend peu parler alors qu’il devrait faire partie de notre vie à tous. La motivation, le moteur intérieur qui a été à l’origine de mon travail, était de montrer à quel point il est important d’en finir avec les préjugés que nous avons à l’égard des personnes qui vivent, ou ont vécu, des expériences difficiles et traumatisantes. L’espoir de voir arriver dans sa vie un changement positif permet de sortir de son état de souffrance et de renaître à travers les innombrables possibilités qui peuvent se présenter au cours de notre vie. Ainsi, les obstacles, les souffrances, les traumas, les crises, la maladie, le handicap, les tourments et les déviances peuvent marquer le point de départ menant à la découverte d’un monde qui nous est refusé à cause d’un pessimisme chronique ne faisant ressortir que l’aspect négatif de chaque expérience, ce qui pousse l’homme à se replier sur lui-même, dénué de tout espoir de changement. La résilience permet au contraire d’observer une situation donnée selon un point de vue différent, d’en faire ressortir le côté positif, les ressources et la possibilité d’un changement, tout en mettant l’accent sur l’aspect relationnel de l’être humain et en permettant de redécouvrir l’humanité et la dignité de la personne. Le choix que j’ai fait ici d’aborder certains sujets tels que le handicap, la maladie et le tourment est étroitement lié à mon expérience personnelle, construite à travers la confrontation, directe ou indirecte, avec ces réalités. C’est pourquoi la recherche adopte une approche qualitative visant à mettre en évidence les aspects concrets qui font partie de la vie quotidienne des protagonistes de cette analyse. Le premier chapitre est consacré aux aspects qui ont trait à la résilience et à leur impact sur les chapitres suivants. Le deuxième chapitre aborde le handicap d’un point de vue historique mais aussi la façon dont certains éléments, comme les stéréotypes et les préjugés, perdurent encore à notre époque. La volonté d’améliorer la qualité de vie de ces personnes s’oppose à une mentalité souhaitant mettre fin à ces vies humaines, ce qui montre nettement que l’être humain est incapable de faire face à des situations de prime abord déstabilisantes. En effet, rêver d’une vie confortable sans les contraintes qui nous poussent à vivre notre existence en nous apitoyant sur notre sort et qui nous empêchent d’avoir une vision positive de la vie, fait partie de la nature humaine. Le chapitre se poursuit avec l’histoire de Mattia, à travers laquelle l’union de la famille face au handicap apparaît essentielle. Elle nous donne à voir comment cet enfant, grâce au courage et à la détermination de ses parents, a réussi à dépasser ses propres limites afin de vivre son handicap en se concentrant sur ses capacités réelles et en étant résilient. Le troisième chapitre est le résultat d’un travail de recherche, basé sur des textes portant sur la résilience, mais aussi sur un matériel cinématographique abordant précisément ce sujet. Grâce aux réseaux sociaux, j’ai pu faire la connaissance de Rita Invernizzi Cavallini, qui a tout de suite répondu présente pour mon travail d’analyse et m’a permis de visionner le documentaire « Resilienza », dont le sujet porte sur la vie de son fils Alessandro, décédé le 17 octobre 2011, à travers la maladie. Dans ce chapitre, on découvre comment un enfant de huit ans se bat de toutes ses forces contre la maladie, un neuroblastome au stade 4, soutenu par sa famille, et avec tous les moyens mis à sa disposition. Malgré l’issue fatale de la maladie, l’histoire d’Alessandro est un témoignage sans appel qui montre qu’il est possible d’être résilient, même dans la maladie, et qu’il ne faut jamais baisser les bras face aux difficultés. Au contraire, il faut les combattre autant que possible. Mais la vie d’Alessandro n’a pas disparu avec lui. Elle se poursuit aujourd’hui à travers l’association Sui passi di Ale (« Sur les pas d’Ale »), fondée par ses parents afin d’aider la recherche contre le neuroblastome, et de soutenir les associations qui contribuent à améliorer la vie de ces enfants. Cette association cherche surtout à démontrer que la vie vaut toujours la peine d’être vécue et qu’elle ne s’éteint pas avec la mort. Elle subsiste à travers tout ce qui a été semé au cours de la vie, et devient Vie aussi pour les autres. Enfin, le quatrième chapitre a pris forme suite à un cours de formation auquel j’ai participé. Organisé par NEET NEED EU – laboratori dal basso, ce cours avait lieu au Centre Culturel pour l’Enfance de Tarente du 19 au 21 janvier 2015, et portait sur la Pédagogie du Désir. C’est à cette occasion que j’ai eu le plaisir de rencontrer Cesare De Florio La Rocca et Marcos Candidos Carvalho, fondateurs du Projet Axè au Brésil, qui donne la chance aux enfants des rues issus des favelas de sortir de la pauvreté et de la précarité en mettant à profit leurs capacités, ce qui les aide ainsi à être résilients. De par leur expérience, on comprend comment un travail, dès lors qu’il est affranchi de tout préjugé et fondé sur la pédagogie du désir, permet à de nombreux enfants et adolescents, stigmatisés par une société dont le bien-être est le seul objectif, d’être résilients. En laissant leurs capacités et le projet de vie enfoui en chacun d’eux – êtres uniques et irremplaçables – se dévoiler, on constate que les stéréotypes et les préjugés qui persistent à l’encontre de ces enfants peuvent être mis à bas. Chaque chapitre fait référence à la centralité de l’être humain, porteur de potentialités qui attendent de croiser la route d’un tuteur de résilience pour pouvoir renaître dans une nouvelle vie où son histoire, au lieu d’être refoulée, deviendrait la porte d’entrée de son futur".